Intérêt du bilan dentaire
chez l’athlète de haut niveau
À l’heureactuelle,
il est difficilement
concevable,
malgré l’absence
de preuves
de l’interaction
entre les
pathologies
infectieuses
d’origine dentaire
et les pathologies
musculo-tendineuses
ou ligamentaires,
de se passer
d’un bilan dentaire
approfondi
lors du suivi médical
de l’athlète
de haut niveau.
Les interactions entre pathologies dentaires et pathologies générales sont connues.
Dans le cadre de l’athlète de haut niveau, au-delà de la simple consultation dentaire (qui révèle les dents
cariées à soigner, les dents absentes à remplacer), deux aspects sont plus particulièrement intéressants :
– l’occlusion et la déglutition qui ont une influence sur la respiration et la posture ;
– le bilan radiologique, pour dépister d’éventuelles infections dentaires apicales chroniques, et c’est cet aspect qui a été développé lors de ces 3e Journées niçoises.
En effet, un bilan radiologique dentaire systématique semble se justifier dans le “check-up” médical du sportif
de haut niveau car les foyers infectieux dentaires évoluent le plus souvent sans symptomatologie clinique.
Pourquoi un dépistage
systématique ?
Nous savons depuis longtemps que ces foyers dentaires peuvent être à l’origine de pathologies à distance telles que cardiaques, reinales, ou articulaires, et pathologies inflammatoires avec, notamment, commesigne biologique, une VS augmentée.
Actuellement, face à des pathologies inflammatoires rebelles inexpliquées, de type tendinites chroniques, blessures à répétition, de plus en plus de médecins du sport et de kinésithérapeutes nous demandent d’éradiquer les éventuels foyers infectieux dentaires.
Il semblerait qu’ils obtiennent ainsi des résultats probants, bien qu’il n’existe quasiment pas de publications à ce sujet (notre travail, à nous chirurgiens-dentistes, se borne à assainir la cavité buccale de ce
patients, et non d’en constater les résultats rhumatologiques).
En tout état de cause, dans le doute, il ne semble pas logique de laisser un athlète en présence d’une infection
focale même asymptomatique.
En effet ces infections peuvent passer en phase aiguë brutalement et de façon impromptue, handicapant de façon rédhibitoire les capacités physiques du patient pendant au minimum 72 heures sous quelque médication que ce soit.
Étiologies de ces infections
– dents de sagesses incluses ou enclavées ;
– dents nécrosées après un traumatisme ;
– échecs de traitements de dévitalisations antérieurs .
Le diagnostic
Il est essentiellement radiologique avec des images de lésions osseuses radio-claires, associées à des tests devitalité pulpaire négatifs, puisque ces infections apicales ne peuvent se développer que sur des dents non
vitales (hormis les accidents d’éruption de dents de sagesse).
Le changement d’aspect, de couleur, des dents ayant subi un traumatisme doit également nous alarmer car il signe le plus souvent une nécrose .
Le protocole de traitement
Ce traitement va s’appliquer à l’ensemble du réseau canalaire de la dent ou de la racine incriminée (c’est-à-dire à toute la partie de la dent où l’on trouve la pulpe ou plus vulgairement le “nerf”).Il consiste en une minutieuse désinfection par élimination et neutralisation de toutes substances organiques
(résidus tissulaires, bactéries, produit de l’inflammation), à l’élargissement mécanique du ou des canaux principaux, puis à l’obturation hermétique et définitive de ces derniers, le tout impérativement à l’abri des fluides buccaux .
Recommandations et références de l’Agence nationale pour le développement et l’évaluation médicale
(ANDEM),
nouvellement ANAES
• Analyser la radiographie préopératoire.• Préparer la dent au traitement proprement dit : élimination des enduits bactériens et de la carie.
• Isoler la dent au moyen de la digue (champ opératoire) en prévention de l’ensemencement bactérien, ingestion ou inhalation de liquides caustiques, de débris dentaires, ou d’instruments au cours du traitement.
• Déterminer une longueur de préparation précise (cette mesure peut être déterminée radiographiquement
ou électroniquement).
• Préparer le canal sur toute sa longueur en éliminant son contenu, puis en l’élargissant progressivement
depuis la couronne vers l’apex, tout en respectant la forme initiale.
• Irriguer abondamment la cavité pulpaire pendant toute la durée de la préparation au moyen d’une solution
désinfectante ayant des propriétés solvantes sur les débris organiques et faiblement irritante pour les tissus
périapicaux (la solution d’irrigation qui fait référence est l’hypochlorite de sodium à 2,5 %).
• Après assèchement canalaire rigoureux, réaliser une obturation neutre ayant pour objectif de combler l’espace canalaire en totalité (de façon à sceller toutes les issues du réseau canalaire).
• Évaluer la qualité de l’obturation sur un radiogramme postopératoire. Le canal doit apparaître totalement
obturé ; le profil de l’obturation doit reproduire le profil initial du canal ; aucun vide ne doit être observé entre
l’obturation et les parois du canal ; aucune lumière canalaire ne doit être visible au-delà de l’extrémité de
l’obturation.
• Protéger immédiatement la dent traitée par une restauration coronaire hermétique.
• Tout traitement canalaire doit faire l’objet d’un évalutation clinique radiographique immédiate, à un an,
puis au-delà, périodiquement selon les situations.
Il faut donc exiger, de la part du chirurgien-dentiste traitant, pour une garantie de succès, le respect des
recommandations de l’ANDEM.
L’utilisation de ce champ opératoire intra-buccal (encore appelé une digue) est donc impératif, il constitue
une condition sine qua non de succès, car lui seul permet d’éviter, en cours d’intervention, un réensemencement
systématique du réseau canalaire par les fluides buccaux (par nature septiques) .
Résultats cliniques
On considère toujours, d’après l’ANDEM, qu’il y a guérison, dès lors que l’on observe :
– une disparition au bout de quelques mois des images de lésions osseuses ;
– et une disparition (s’il y en avait) des symptômes cliniques .